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Femmes, violences et guerres dans le monde gréco-romain

Femmes, violences et guerres dans le monde gréco-romain

Femmes, violences et guerres dans le monde gréco-romain

HIMA – Revue internationale d’Histoire Militaire Ancienne

In Memoriam Jeannine Boëldieu-Trevet (1942-2022)

La Revue HIMA (Revue internationale d’Histoire Militaire Ancienne) publie dans son numéro 11 de l’année 2022, avec le soutien financier de l’ANR, la Journée d’études qui s’est tenue à l’université du Mans le 27 Mai 2021. Organisée par Annie Allély, elle est ici présentée dans une introduction. Suivent trois articles portant sur l’histoire grecque, trois autres sur l’histoire romaine. La place des femmes dans la guerre antique y est interrogée, qu’elles aient été des acteurs ou des victimes. Deux exemples sont détaillés : Phérétimè de Cyrène et Fulvie. Cette Journée d’études a été l’une des manifestations scientifiques majeures du programme ANR-19-FGEN-0002 – Parabainô. Nous remercions la Revue Hima d’en avoir accueilli la publication, ainsi qu’un hommage à notre regrettée collègue Jeannine Boëldieu-Trevet.

Presses Universitaires de Franche-compté

Format : 16×24 cm
466 pages
ISBN : 978-2-84867-944-0
Disponibilité : novembre 2022
Prix : 25,00 €
Revue HIMA

Actualités

Table des matières

Présentation de la journée d’études « Parabainô : Femmes, violences et guerres dans le monde gréco-romain »

Annie Allély

L’ objectif de ce dossier est de s’ interroger sur les relations qui existent entre les femmes, la violence et la guerre dans le monde gréco-romain. Six articles analysent à la fois les violences de guerre faites à l’ encontre des femmes, comme le viol, mais aussi le rôle de certaines femmes qui participent à des actes de guerre violents.

Phérétimè de Cyrène : pouvoir, guerre, genre et transgression

Jeannine Boeldieu-Trevet

Phérétimè de Cyrène, épouse de Battos III, mère d’ Arkesilas III, occupe une place singulière dans l’ œuvre d’ Hérodote. Dans le dernier quart du vie siècle avant notre ère, elle fit preuve d’ une violence implacable, relevée aussi par Aristote, pour venger son fils assassiné par des opposants. Son rôle dans les luttes civiles (staseis), son recours aux forces perses, sa cruauté lors du siège de Barkè suscitent une triple interrogation. Cette violence brouille-t-elle les frontières de genre ? Le siège de Barkè excède-t-il le champ de la guerre ordinaire en mettant celle-ci au service de la stasis ? Les mutilations infligées aux vaincus – pal pour les hommes, mastectomie pour les femmes – ne sont-elles pas une transgression des règles les plus sacrées ? La comparaison avec Tomyris, reine des Massagètes, met l’ accent sur la singularité de la figure de la Cyrénéenne.

La guerre du Péloponnèse : une violence paroxystique

Jérôme Wilgaux

En ouverture de son récit de la guerre du Péloponnèse, Thucydide en souligne la dimension paroxystique, le monde grec n’ ayant jamais connu jusqu’ alors une telle intensité de violences et de maux subis. De fait, les expéditions militaires et les destructions de cités s’ enchaînent durant cette période, et leurs conséquences politiques, sociales et démographiques furent dramatiques pour bien des communautés grecques. Dans ce contexte, Thucydide laisse peu de place aux rôles qu’ ont pu jouer les femmes, les présentant le plus souvent en victimes passives du conflit. Les violences commises à leur égard participent cependant, au même titre que d’ autres épisodes, telles les transgressions religieuses, de cette description d’ un monde grec bouleversé, que mènent à sa perte des décisions politiques animées par la passion et un érôs contraire aux normes sociales.

Le viol des femmes en temps de guerre. Le cas de l’armée d’Alexandre entre 335 et 324 avant J.-C.

Isabelle Pimouguet-Pédarros

L’ objectif de cet article est d’ interroger les violences sexuelles et notamment les viols perpétrés par les soldats des armées grecques contre les femmes de l’ ennemi. Que l’ on considère ces viols comme des actes fortuits ou des pratiques militaires à part entière, leur étude est susceptible d’ éclairer un aspect du comportement guerrier. Si l’ enquête porte sur le ive siècle et la période hellénistique, elle place toutefois le focus sur les campagnes d’ Alexandre en Grèce et en Orient qui, marquées par le développement de la guerre de siège dans sa forme la plus active, exposèrent les populations civiles à de multiples exactions (massacres, crucifixions, captures et asservissements) – contexte de violences extrêmes qui pose donc la question des atteintes portées au corps des femmes. Les sources convoquées, essentiellement littéraires, permettent d’ orienter la réflexion autour de deux questions. Quelle signification donner à ce type de violence ? Quels en sont les enjeux et les limites ?

Des femmes lanceuses de tuiles

Immacolata Eramo

Un petit dossier de textes grecs et latins témoigne du rôle actif des femmes dans trois types de contextes militaires : a) l’ intervention dans des contextes de guérilla urbaine, où des femmes (seules ou avec d’ autres sujets jugés « fragiles ») frappent les ennemis en lançant des pierres depuis les toits de leurs maisons ; b) l’ utilisation de cheveux de femmes pour remplacer les cordes des machines de guerre ou des navires ; c) l’ intervention directe dans le conflit. Dans ce dernier cas, il s’ agit d’ interventions exceptionnelles et isolées, qui ont pour but principal le rétablissement du status quo ante.

Les femmes dans les violences de guerre du monde romain (iiie siècle avant J.-C.-ier siècle après J.-C)

Sophie Hulot

L’ article explore les liens entre les femmes et la violence de guerre dans le monde romain entre la deuxième guerre punique et la fin du ier siècle après J.-C. Trois questions sont tour à tour examinées. Les femmes étaient-elles souvent épargnées lors des massacres de populations ? Le viol était-il fréquent et pouvait-il être utilisé comme arme de guerre par les Romains ? Existait-il des femmes combattantes prenant part elles-mêmes à la violence des affrontements ? La réflexion se porte tout particulièrement sur la rareté des indices en la matière ainsi que sur l’ interprétation raisonnable que l’ on peut en faire. En adoptant une démarche proche de celle des gender studies, la conclusion met en valeur trois logiques d’ invisibilisation des femmes dans leurs rapports à la violence de guerre.

Violences au temps des guerres civiles de la fin de la République : l’exemple de Fulvie

Annie Allély

Pendant la période troublée des guerres civiles de la fin de la République romaine, Fulvie, l’ épouse de Marc Antoine, est extrêmement présente dans le domaine politique et militaire. Cet article a pour but d’ examiner plus particulièrement son rôle sur le plan militaire entre la mort de César et la guerre de Pérouse. Selon les sources littéraires, elle est présente au camp militaire de Brindes avec son époux à l’ automne 44 avant J.-C, elle participe aux proscriptions en novembre 43 avant J.-C et enfin, elle est engagée totalement dans la guerre de Pérouse de 41 avant J.-C. à février 40 avant J.-C. Nous analyserons ces sources qui font état de sa place dans un domaine réservé aux hommes et qui lui sont hostiles. Nous nous interrogerons également sur la nature des violences qui lui sont reprochées.

Auteurs

Annie Allély

Annie Allély est agrégée d’Histoire et enseigne comme maîtresse de Conférences, HDR au Mans Université depuis 1998. Elle est membre du CReAAH. Elle travaille essentiellement sur deux axes. Le premier concerne l’Histoire politique de la fin de la République romaine. Elle a fait sa thèse sur la vie politique de Lépide le Triumvir, thèse publiée en 2004. Son HDR porte sur une procédure d’extermination de l’ennemi politique au cours de la République romaine : la déclaration d’hostis. L’HDR a été publiée en 2012. Le second axe est consacré à l’Histoire du corps à Rome. Plusieurs publications sont consacrées à la fois au handicap des enfants à Rome et dans l’Empire de la période républicaine à l’Antiquité tardive et également au corps et aux violences de guerre au cours de la République romaine.

Jeannine Boeldieu-Trevet

Jeannine BOELDIEU-TREVET est agrégée d’histoire, docteure en Histoire de l’Antiquité, chercheure associée au CRHIA (Centre de Recherches en Histoire Atlantique, EA 1163, Université de Nantes). Sa thèse sur Exercice et art du commandement durant la guerre du Péloponnèse (Rennes II, direction Yvon Garlan) a été publiée sous le titre Commander dans le monde grec au Ve siècle avant notre ère aux Presses universitaires de Franche-Comté, Besançon, 2007. Seule ou en collaboration elle a publié divers articles et contributions à des Tables rondes ou colloques sur le commandement, la guerre de siège, les violences, sauvageries, les actes intolérables et les transgressions en temps de guerre, les rapports entre guerres, sociétés et pouvoir. Elle a aussi travaillé sur l’œuvre d’Hérodote (Lire Hérodote, en collaboration avec Daphné Gondicas, Rosny-sous-Bois, Bréal, 2005), de Xénophon et d’Énée le Tacticien.

Immacolata Eramo

Immacolata Eramo est maître de Conférences stagiaire en philologie classique à l’université de Bari, où elle enseigne la philologie classique et la littérature latine. Elle est responsable scientifique du projet Guerre di Puglia/Warfare in Apulia, dans le cadre du plan REFIN – Research for Innovation (PON 2014/20, Horizon 2020). Elle est également chercheuse associée à l’Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité (Besançon), et membre de la Société pour l’encouragement des Études grecques. Ses recherches se concentrent sur la littérature militaire, l’histoire de la tradition militaire ancienne, l’historiographie grecque et latine et l’histoire de la philologie classique. Elle a publié les éditions critiques (avec introduction, traduction et notes) de la Rhetorica militaris de Syrianus Magister (Bari, 2010) et le De militari scientia (Besançon, 2018). Son dernier livre est Exempla per vincere e dove trovarli. Introduzione agli Strategemata di Frontino (Bari, 2020). Elle prépare actuellement une nouvelle traduction italienne (avec introduction, traduction et notes) des Stratagèmes de Frontin.

Sophie Hulot

Ancienne élève de l’École Normale Supérieure de Lyon, Sophie Hulot est agrégée et docteure en histoire romaine. En 2019, elle a soutenu une thèse intitulée « La violence de guerre dans le monde romain (fin du IIIème s. av. J.-C.- fin du Ier s. ap. J.-C.) ». Elle est actuellement ATER à Aix‑Marseille Université et rattachée au Centre Paul-Albert Février (TDMAM).
Ses recherches portent sur les processus de production de la violence durant les guerres romaines mais aussi sur les représentations de Rome en la matière. Elle travaille ainsi sur la pertinence du concept de « coût humain de la guerre » pour l’époque antique. En mobilisant les apports de l’archéologie, de l’anthropologie et de la sociologie, elle développe une approche transdisciplinaire de l’histoire de la violence. Les réflexions de Sophie Hulot s’ouvrent désormais sur la question de la place des soldats dans la politique interne de Rome (République et début du Principat).

Isabelle Pimouguet-Pédarros

Isabelle Pimouguet-Pédarros est professeur d’histoire ancienne à l’université de Nantes et membre du CRHIA. Après avoir dirigé la mission archéologique française de Myra-Andriakè de 2011 à 2018, elle a publié Archéologie de la défense. Histoire des fortifications antiques de Carie, PUFC, 2000, puis, en 2010, aux Presses Universitaires de Rennes, Les sièges de Rhodes de l’Antiquité à la période moderne en collaboration avec N. Faucherre, suivi, en 2011, par La cité à l’épreuve des rois. Le siège de Rhodes par Démétrios poliorcète (305-304 av. J.-C.), Presses Universitaires de Rennes. Outre ses travaux sur les fortifications et la guerre de siège dans les mondes grec et hellénisé (techniques et tactiques, pouvoirs et représentations), elle mène des recherches depuis 2017 sur les conflits armés et les violences extrêmes à l’époque hellénistique dans une perspective anthropologique. On se reportera notamment à l’ouvrage à paraître aux Presses Universitaires de Rennes en 2020 dirigé en collaboration avec N. Barrandon sur La transgression en temps de guerre de l’Antiquité à nos jours.

Jérôme Wilgaux

Maître de conférences en histoire ancienne à l’Université de Nantes, Jérôme Wilgaux consacre ses recherches à l’étude de la société et de la culture grecques antiques, ses publications portant notamment sur les questions de parenté ainsi que les représentations du corps. Il a ainsi collaboré à la publication de nombreux ouvrages collectifs, dont Parenté et société dans le monde grec de l’Antiquité à l’âge moderne, Ausonius Études 12, Bordeaux, 2006 ; L’argument de la filiation. Aux fondements des sociétés européennes et méditerranéennes, Éditions de la Maison des Sciences de l’homme, Paris, 2011 ; Famille et société dans le monde grec et en Italie du Ve siècle av. J.-C. au IIe siècle av. J.-C., Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017.